La politique n’est pas réservée aux hommes. Beaucoup d’autres animaux et êtres vivants s’organisent autour de dirigeants. Afin de sélectionner ces derniers, de véritables jeux de pouvoir s’engagent, que ce soit chez les singes, les insectes ou même les bactéries. Les candidats au poste suprême adoptent des comportements spécifiques qui rendent la prise de pouvoir passionnante. En effet, les manœuvres effectuées par ces petites bêtes pour devenir « chef », qu’elles soient conscientes ou mécaniques, peuvent souvent être une question de vie ou de mort. Le DGS vous en dit plus sur la vie politique de ces êtres vivants.

Commençons tout d’abord par les chimpanzés, nos plus proches parents. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces derniers sont hautement politiques. Ils sont en effet assez intelligents pour comprendre que, dans le monde naturel, la force brute ne suffit pas pour prendre le pouvoir. Atteindre le sommet d’un groupe social nécessite donc une ruse politique.

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CHEZ LES CHIMPANZÉS, LE POIDS DU NOMBRE EST UN ÉLÉMENT ESSENTIEL À LA RÉUSSITE

L’important est de se faire des amis et de parvenir à influencer les autres. Pour cela, les chimpanzés se séduisent par le toilettage avant de former les alliances. Cette manière subtile de jouer sur les rapports sociaux est notamment observable chez les mâles souhaitant devenir chef de groupe. En période de conflits ou lorsqu’il s’apprête à être couronné de succès, le chimpanzé fait appel à ses amis pour que ces derniers lui portent assistance. Le groupe réaffirme alors sa position s’il est déjà au sommet de l’échelle, ou prend le contrôle. Néanmoins, le poids du nombre demeure un élément essentiel à la réussite.

Dans les années 1980, le premier primatologue hollandais Frans de Waal a passé six ans à réaliser des recherches sur la plus grande colonie captive du monde pour écrire son livre « La Politique du chimpanzé ». Il va constater que, en plus de former des cliques, la politique du chimpanzé implique toujours un certain degré d’agression. Dans les sociétés modernes, les êtres humains ont désormais remplacé les prises de contrôle hostiles par le vote. Les chimpanzés, en revanche, ne vivent pas dans une société démocratique. Leur structure sociale du pouvoir est basée sur une hiérarchie masculine au sein de laquelle les êtres dominants ont accès aux ressources disponibles, c’est-à-dire à la nourriture et aux femelles.

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Chez de nombreuses espèces de primates, les membres du parti au pouvoir sont des parents. Alternativement, les alliances pour le pouvoir sont basées sur l’altruisme réciproque : « Vous grattez mon dos et je vous le revaudrai. »

Certaines espèces sociales n’ont cependant pas toujours besoin d’un groupe au pouvoir ou d’un leader charismatique et, même parmi les primates, il existe des exemples d’organisation sans chef. Les muriquis (ou singes-araignées laineux) du sud-est du Brésil vivent dans de grands groupes sociaux sans qu’il y ait pour autant un dirigeant. Les mâles ne sont pas plus patrons que les femelles car il n’y a pas de hiérarchie de dominance. Il s’agit d’une société véritablement égalitaire. Ce sont des primates très pacifiques.

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Par rapport aux autres espèces de primates, les muriquis ne passent pas beaucoup de temps à se toiletter l’un l’autre pour se socialiser, ce qui peut suggérer un système politique peu développé. Mais ce serait une simplification excessive. Des analyses sur les relations sociales rapportent le rôle important de certains individus qui permettent une socialisation. Par exemple, il semblerait que plus un mâle passe du temps avec sa mère, plus il sera à même de faire des rencontres avec des femelles et plus il obtiendra de descendants.

Alors que nous pouvons admettre que nos collègues les primates présentent un certain degré de politique pour parvenir au pouvoir, il est plus étonnant de constater que ce comportement se prolonge à travers le règne animal et au-delà.

LES BACTÉRIES « VOTENT » EN LIBÉRANT DES PRODUITS CHIMIQUES

Les bactéries sont des organismes microscopiques simples et pourtant, même chez cette humble forme d’existence, les bactéries tentent de s’influencer entre elles par diverses actions. Les bactéries n’ont évidemment pas de leader mais vivent plutôt dans un système décentralisé où les décisions sont prises par des stimulus et les réponses liées à la densité de population. C’est ce que l’on appelle la détection du quorum. Divers mécanismes vont favoriser l’expression coordonnée des gènes.

Les bactéries « votent » en libérant des produits chimiques et sont en mesure de compter ces produits chimiques en question. Par exemple, les bactéries pathogènes doivent « voter » au moment où elles deviennent virulentes. En agissant ensemble, les bactéries accablent le système immunitaire de l’hôte et peuvent donc le coloniser.

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LES ABEILLES SONT DES INSECTES TRÈS SOCIAUX

Certains systèmes politiques décentralisés sont plus célèbres chez les insectes sociaux tels que les abeilles et les fourmis. Les abeilles ont parfois besoin de trouver un nouvel endroit de nidification et utilisent aussi la détection du quorum pour décider de l’emplacement. L’ensemble des abeilles partira alors chercher des sites potentiels. A terme, les abeilles vont célébrer le nouvel emplacement trouvé et effectuer une danse frénétique commune.

Cette danse des abeilles est un moyen de communication. Cependant, si le site trouvé est de mauvaise qualité, cette danse sera rapidement arrêtée. Les abeilles qui sont les plus persistantes et qui « crient » le plus fort réuniront plus d’adeptes et seront en mesure de choisir le nouveau site de nidification.

La politique est vraiment partout, des bactéries dans notre corps aux animaux autour de nous. Les prises de pouvoir nécessitent en effet des manoeuvres de ruse politique que beaucoup d’êtres vivants semblent avoir adoptées.

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