Chaque année des milliers de livres sont jetés aux ordures. Un problème écologique mais aussi un véritable gaspillage qui fait disparaître une abondante ressource intellectuelle. En Colombie, un éboueur a décidé de recueillir ces ouvrages abandonnés pour les offrir ensuite aux populations les plus défavorisées. Une superbe initiative qui rencontre un énorme succès.

RECUEILLIR LES LIVRES JETÉS

José Alberto Gutierrez est éboueur à Bogota, la capitale de la Colombie. En 1997, sa vie va basculer lorsqu’il découvre une caisse contenant des dizaines de livres dont un exemplaire d’Anna Karénine de Léon Tolstoï. C’est un déclic pour lui. Il commence alors à recueillir des dizaines de romans, recueils de poésies, manuels éducatifs, etc. qui sont abandonnés avec les déchets ménagers. Très rapidement, les voisins de l’éboueur viennent lui emprunter des livres pour aider leurs enfants. « Il y avait un manque dans le quartier », souligne Gutierrez qui habite à Nueva Gloria, un quartier ouvrier et pauvre au sud de Bogota.

LA FORCE DES MOTS

Face à cette demande, l’éboueur et son épouse vont transformer leur maison en une véritable bibliothèque, baptisée « la force des mots ». Un nom qui vient souligner la force de cette initiative auprès des populations les plus défavorisées. Car comme le rappelle José Alberto Gutierrez, les livres ne sont pas des déchets comme les autres. Les ouvrages distribués gratuitement sont une vraie chance pour les populations du quartier. « Moi, les livres m’ont transformé. Donc j’ai pensé que dans ces lieux-là, c’était un symbole d’espérance, un symbole de paix », ajoute l’éboueur.

Et si la plupart des livres récupérés sont en piteux état, Luz Mery la femme de José Alberto a même créé un  » hôpital des lettres « . Elle qui est passionnée de couture a adapté son art pour le mettre au service des ouvrages abimés. « Les livres qui nous semblent intéressants ou qui sont vraiment mal, elle s’en occupe et les répare», explique son mari.

UN VÉRITABLE ENGOUEMENT POPULAIRE

Très rapidement le succès va être au rendez-vous pour la petite bibliothèque « la force des mots ». Des bénévoles du monde entier sont venus soutenir José Alberto et sa famille, et la réputation de ce lieu si particulier a même conduit l’éboueur à être invité dans des salons du livre au Chili et au Mexique. Aujourd’hui, ce sont près de 25 000 livres qui peuplent la maison de la famille Gutierrez. Face à ce nombre devenu presque encombrant, la famille a décidé de parcourir les régions défavorisées et isolées de la Colombie pour y distribuer directement les différents ouvrages.

L’initiative de José Alberto Gutierrez nous interpelle par le nombre de livres jetés aux ordures, mais surtout elle vient nous rappeler à quel point un livre peut être important et plus encore plus auprès des populations défavorisées. Preuve de cette « force des mots » défendue par l’éboueur, un ancien guérilla des Farc est même rentré en contact avec l’éboueur pour lui demander d’envoyer des livres auprès des rebelles qui préparent leur retour à la vie civile.

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