Si les vertus thérapeutiques des drogues comme le cannabis ou l’opium sont reconnues dans la médecine, les scientifiques démontrent aujourd’hui les effets thérapeutiques extraordinaires des drogues psychédéliques comme le LSD ou les champignons hallucinogènes.

CES DROGUES SERAIENT PARTICULIÈREMENT EFFICACES, MÊME APRÈS UNE OU DEUX SÉANCES

Il est courant en médecine d’utiliser des drogues à des fins thérapeutiques. Ainsi, de nombreux antidouleurs sont des dérivés de l’opium et le cannabis est aujourd’hui utilisé de façon médicale pour soulager certaines douleurs chroniques, contrer les effets secondaires de certaines chimiothérapies ou encore pour soigner l’anorexie. Cependant, il existe des drogues mystérieuses aux possibilités incroyables : les drogues psychédéliques.

De plus, ces drogues seraient particulièrement efficaces, même après une ou deux séances, alors que les traitements plus conventionnels nécessitent parfois une prise quotidienne pendant plusieurs années accompagné d’une thérapie. Pour comprendre pourquoi on ne sait que peu de choses des effets thérapeutiques de ces drogues, il faut revenir aux origines des recherches sur le sujet.

La psilocybine contenue dans les champignons hallucinogènes ou encore le LSD auraient des vertus thérapeutiques particulièrement puissantes et efficaces qui pourraient soulager les symptômes de la dépression post-traumatique, les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles du sommeil ou encore stopper les addictions.

 

LES DROGUES PSYCHÉDÉLIQUES, À L’ÉTUDE DEPUIS LES ANNÉES 50

Des champignons hallucinogènes via Depositphotos

LE SUCCÈS DE CES DROGUES DANS UN BUT RÉCRÉATIF ÉTAIT TEL QUE LES GOUVERNEMENTS ONT INTERDIT DES RECHERCHES À LEUR SUJET

Tout commence dans les années 50 lorsque des scientifiques créent en laboratoire le LSD ou la MDMA. Les possibilités sur le cerveau leurs semblent infinies et les recherches promettent de grandes découvertes dans le domaine des neurosciences.

Cependant, le succès de ces drogues à l’extérieur des instituts de recherche dans un but récréatif est tel que les gouvernements américains et européens prennent des mesures drastiques à l’encontre de ces drogues, interdisant par la même occasion toute recherche scientifique sur le sujet. Le LSD et les champignons hallucinogènes sont alors abandonnés jusque dans les années 90.

Grâce à un soutien financier venant du secteur privé et un assouplissement de la loi, les études reprennent et les découvertes sont surprenantes. L’engouement pour ces drogues en laboratoire dure pendant plus de 15 ans. Ainsi, entre 1967 et 1972, le psychiatre Stanislav Grof qui officiait à l’Hôpital d’État Spring Grove de Baltimore était persuadé d’avoir prouvé que ces substances hallucinogènes pouvaient guérir purement et simplement la dépression, les tocs, l’angoisse ou même des douleurs intenses parfois chroniques.

 

TRIPS MYSTIQUES ET TRAITEMENT DES ADDICTIONS 

Une pilule aurait des effets à long terme

ALORS QUE CERTAINS ASSURENT PARLER À DIEU, D’AUTRES VOIENT D’ÉTRANGES FAISCEAUX DE LUMIÈRE DORÉE

Lorsque ces psychotropes sont administrés de façon précise et très contrôlée à des patients en stade terminal d’un cancer, ces derniers semblent plus détendus quant à la fin de leur vie. Quelques heures après avoir ingéré une pilule, un patient en fin de vie va jusqu’à déclarer à des chercheurs de l’Université de New York : « Le cancer n’est pas important, ce qui compte c’est l’amour ». Sans bien entendu guérir la maladie, les inquiétudes, les cauchemars ou les terreurs nocturnes de certains patients semblent s’évanouir.

D’autres personnes souffrant d’addictions sévères à l’alcool ou à certaines drogues semblent guéris de leur condition. Cependant, l’effet hallucinogène et même mystique, partie intégrante du « traitement », laisse les scientifiques mitigés. Alors que certains assurent parler à dieu, d’autres voient d’étranges faisceaux de lumière dorée.

« Art psychédélique »

Ces expériences mystiques sont inévitables après la consommation d’hallucinogène et peuvent parfois être bénéfiques. En 2015, le New Yorker partageait le trip d’une patiente se voyant déjà enterrée « dans une magnifique forêt. Il y avait des racines partout autour de moi et j’ai alors vu des arbres grandir et je faisais partie d’eux. Je n’étais pas triste, ni joyeuse, seulement ordinaire, et en paix. Je n’étais pas partie. Je faisais partie du monde ».

Albert Garcia-Romeu, chercheur à l’Université Johns Hopkins raconte que les patients vivent des « expériences profondes et marquantes qui peuvent parfois les aider à faire de vraies découvertes sur eux-mêmes et sur leur comportement, leur permettant ainsi de clarifier leurs priorités et ce qui leur semble être vraiment important. Lorsqu’ils vivent ces expériences, cela semble les aider à réaliser de grands changements dans leur vie comme arrêter de fumer ». Un traitement qui serait en plus très efficace puisqu’une ou deux sessions peut avoir des effets qui durent plusieurs mois sans être accompagné d’une psychothérapie, ce qui est indispensable dans les traitements plus conventionnels.

 

LES DANGERS LIÉS À CES DROGUES ET LE MANQUE D’ÉTUDES SUR LE SUJET

Une image d’un cerveau sous LSD qui s’illumine comme un sapin de noël capturé par une IRM

Cependant, les données et les études sur le sujet restent beaucoup trop limitées pour pouvoir réellement confirmer leurs effets bénéfiques sur l’être humain. De plus, l’aspect mystique de ces drogues incitent les chercheurs à ne pas trop s’avancer avant de réellement comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau des sujets. En effet, les hallucinations causées par LSD ou la psilocybine sont dues à des connections encore peu comprises par les chercheurs, et bouleversent totalement le l’équilibre chimique et les impulsions électriques d’un cerveau normal.

DE NOMBREUSES PERSONNES AYANT DES PRÉDISPOSITIONS À LA DÉPRESSION OU À LA SCHIZOPHRÉNIE NE POURRAIENT PAS BÉNÉFICIER DE CES TRAITEMENTS

Ainsi, les chercheurs peuvent déjà assurer que si ces effets bénéfiques sont prouvés, de nombreuses personnes ayant des prédispositions à la dépression ou à la schizophrénie ne pourraient pas bénéficier de ces traitements, les risques étant bien trop grand. En effet, ces psychotropes activent les récepteurs liés à ces maladies. Le risque du bad trip causant des dégâts irréparables sur le cerveau sont aussi en jeu.

Chez certaines personnes, le traitement pourrait ouvrir la voie à certaines maladies

Le danger évident de ces drogues dans des environnements non maîtrisés sont à prendre en considération, les hallucinations poussant régulièrement les usagers à commettre des actes dangereux. En effet, de nombreux faits divers rapportent les histoires de personnes persuadées de pouvoir voler, les poussant ainsi à sauter du haut d’immeubles ou de ponts. Enfin, comme c’était le cas pour le cannabis, il y a encore deux décennies, la méfiance du public et des autorités envers ces drogues empêchent les scientifiques de réaliser de vraies découvertes dans ce domaine.

Les drogues psychédéliques permettent de traiter différentes pathologies, notamment l’addiction via Depositphotos

Matthew Johnson, également chercheur à l’Université de Johns Hopkins rappelle que dans le cas du traitement des addictions, domaine dans lequel les psychotropes en question semblent exceller, un traitement fiable pourrait soigner « ces troubles qui font partie des maladies les plus coûteuses et les plus affaiblissantes qui n’aient jamais touché l’humanité (…) il est vrai que certains traitements aident, mais pour la majorité des malades, il n’y a pas grand-chose à faire ».

Ces études sont réellement fascinantes. Nous tenons toutefois à rappeler le danger des psychotropes, et que leur utilisation est strictement interdite en France. Néanmoins, leurs vertus thérapeutiques méritent d’être plus exploitées, car elles pourraient, à terme, sauver des vies.

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