Visage à double faceUn visage à double face via Shutterstock

Il fut un temps où l’on schématisait nos origines de façon très simple : un papa rencontre une maman, ils s’amusent, puis un petit être sort d’un oeuf fertilisé. Et nous, le produit de cette union, nous avons longtemps pensé être constitué d’une moitié de papa, et d’une moitié de maman. Or, vous l’aurez deviné, les choses sont un peu plus compliquées qu’il n’y parait. Nous sommes une véritable mosaïque de virus, de bactéries, et potentiellement, d’êtres humains ! SooCurious vous en dit plus.

Notre être ne se réduit pas aux gènes de nos parents. En effet, certains d’entre nous, plus qu’on ne l’imagine, sont composés de fragments d’autres êtres vivants.

Une familleEt le plus incroyable, c’est que ces particules peuvent influencer notre comportement. Selon le docteur Peter Kramer, de l’université de Padua, « Les humains ne sont pas des individus unitaires. […] Un très grand nombre d’individus humains, ou pas, s’affrontent sans cesse à l’intérieur de nous pour avoir le contrôle. » Par exemple, les microbes de votre intestin peuvent produire des neurotransmetteurs qui altèrent votre humeur.

La manipulation du comportement par des parasites est un phénomène plus fréquent qu’on ne le croit. Le cas du parasite Toxoplasma gondii est particulièrement intrigant. Ce parasite mortel est soupçonné d’avoir des effets sur notre comportement en se logeant dans notre cerveau. Et si le phénomène n’est pas encore démontré scientifiquement chez les êtres humains, il est indiscutable chez les rats.

Des chatons et un rat

Ce parasite modifie complètement le comportement des rats, il les attire vers leurs prédateurs les plus redoutés : les chats. Le rat attrape ce microbe en mangeant les excréments d’un chat infecté par exemple. Le parasite se loge ainsi dans son cerveau pour le déformer, et sa peur des chats disparait.

Nous pouvons entrer en contact avec ce parasite, en changeant la litière du chat ou en mangeant de la viande infectée. Il suscite de plus en plus l’intérêt des chercheurs, car il pourrait augmenter nos chances de devenir schizophrène ou de souffrir de dépression suicidaire par exemple.

Représentation de la folie

Il n’y a donc pas de doutes : nos actions ne nous sont pas entièrement propres. Nous pouvons être infiltrés par des microbes qui aliènent notre comportement.

Et l’idée de partager son corps devient encore plus étrange quand on sait que notre cerveau n’est pas seulement envahi par des microbes, mais aussi par des êtres humains !

<span style=Un visage humain fait à partir de différentes personnes via Shutterstock

Commençons par les cas les plus probants : les jumeaux. Le cas le plus visible est évidemment celui des siamois qui partagent un cerveau. Outre cette circonstance extrême, les simples jumeaux sont plus susceptibles d’avoir un cerveau et des organes composés de cellules de leur frère ou soeur.

On vous explique : au début du développement, les cellules des jumeaux ou des triplés peuvent passer d’un organisme à l’autre. On a d’abord considéré ce phénomène comme rare, avant de réaliser qu’il était plus commun qu’on ne le pensait. Environ 8 % des jumeaux et 21 % des triplés auraient n’ont pas un, mais deux groupes sanguins. L’un est produit par leurs propres cellules, l’autre par les cellules étrangères absorbées dans leurs frères et soeurs.

Jumeaux

Les deux corps fusionnent ainsi dans certains organes, dont le cerveau. Et cela peut avoir de sérieuses conséquences. Par exemple, la présence d’un tissu étranger dirigé par différents gènes, et donc de différents schémas, peut mettre à mal le système complexe de certaines régions du cerveau. Cette intégration de cellules différentes pourrait détruire l’équilibre de l’organisation qui relie l’hémisphère gauche et droite du cerveau. Ce qui expliquerait pourquoi les jumeaux sont moins susceptibles d’être droitiers.

Et si vous n’avez pas de jumeau, sachez qu’il existe plusieurs façons de se faire envahir par d’autres cellules humaines. Un cas particulier est d’être le produit de deux foetus jumeaux qui ont finalement fusionné au début du développement. A un stade trop précoce du développement, les cellules peuvent s’incorporer dans l’autre foetus qui semble se développer normalement, alors qu’il est porteur du code génétique d’une autre personne.

embryonUn individu peut donc disposer des cellules de quelqu’un d’autre. Incroyable, n’est-ce pas ? Dans un cas extrême, une femme a été surprise d’apprendre qu’elle n’était pas la mère biologique de ses deux enfants. Outre le cas des jumeaux, il arrive aussi que certaines cellules d’un frère ou d’une soeur restent dans le corps de la mère, pour finalement se loger dans votre corps une fois que vous êtes conçu.

Et cette invasion de cellules humaines peut concerner tout le monde. Il y a quelques années à l’université d’Alberta à Edmonton, des chercheurs ont trouvé des chromosomes Y dans plusieurs régions du cerveau de différentes femmes. En d’autres termes, leur cerveau était parsemé de cellules provenant du corps d’un homme.

Chromosome

Une réponse logique à ce phénomène serait que cet ADN masculin vient du bébé qu’elles ont porté pendant leur grossesse. Les cellules souches du fils aurait franchi leur placenta pour venir se loger dans le cerveau. Et étrangement, cela semblait diminuer les chances de la mère de développer la maladie d’Alzheimer par la suite. Certains chercheurs se demandent même si ces cellules peuvent avoir une influence sur l’état d’esprit de la mère pendant sa grossesse.

Cependant, il faut rester prudent quant aux conclusions trop hâtives. Les chercheurs qui ont étudié le sujet ont voulu mettre en lumière le caractère « plural » de nos comportements, mais n’ont en aucun cas posé de théories définitives. « Nous ne pouvons pas comprendre un être humain indépendamment des autres. Il s’agit de comprendre tous les humains pour comprendre comment « nous » nous conduisons. »

Des cellules du cerveau

Qui aurait pu imaginer que le corps humain pouvait être porteur des cellules d’autres êtres vivants ? Et même, que des cellules ou des parasites pouvaient influencer le comportement ? Sachez qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer. Ces migrants naturels ont toujours existé, et seront là pour le meilleur et pour le pire. Si la génétique vous intéresse, découvrez comment la modification génétique a sauvé la vie d’un bébé atteint d’un cancer en phase terminale.

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