L’épidémie de diabète est l’un des grands défis sanitaires mondiaux. Alors que le nombre de malades pourrait exploser dans les prochaines décennies, une équipe de scientifiques américains serait sur le point de mettre en place une thérapie révolutionnaire.

Une épidémie annoncée

Le diabète est une maladie connue de longue date. On en trouve des mentions dès l’antiquité égyptienne. Mais aujourd’hui, il s’agit d’un mal en pleine expansion. Son incidence serait en grande partie liée à l’évolution de nos modes de vie (sédentarité, urbanisation, alimentation…). Ainsi, les États-Unis et l’Europe sont aujourd’hui les régions les plus touchées. Mais l’épidémie se répand comme une traînée de poudre dans les pays émergent comme la Chine. D’après les calculs de l’OMS, 300 millions de personnes seront touchées en 2030, soit 6 % de la population adulte. En 1985, on ne recensait que 30 millions de cas !

Le diabète sucré est une maladie liée à la défaillance des mécanismes biologiques permettant la régulation du sucre dans le sang. Notre pancréas sécrète une hormone, l’insuline, nécessaire pour faire baisser le taux de glucose dans le sang. Les personnes atteintes de diabète de type 1 ne produisent pas d’insuline et doivent donc s’en injecter jusqu’à plusieurs fois par jour. Dans sa forme plus légère de type 2, version la plus répandue qui touche 90 % des malades, l’insuline n’est pas correctement utilisée par les cellules du corps et son rôle amoindri.

le tau de prévalence du diabète à l’échelle mondiale, par pays en 2009

Une thérapie novatrice

L’insuline est produite par des cellules particulières du pancréas, les cellules Beta. Dans le diabète de type 1, celles-ci sont détruites par le système immunitaire. Dans le diabète de type 2, elles ne sont pas assez fonctionnelles. Remédier à ces défaillances a donc été l’angle d’attaque privilégié par les chercheurs du University Texas Health Science Center. D’après eux, leurs expérimentations sur des souris auraient d’ores et déjà donné des résultats stupéfiants : » nous avons soigné des souris pendant un an sans aucun effet secondaire « , explique le Dr Moiron.

Leur méthode relève de la thérapie génique. Ils ont introduit, par le biais d’un virus, des gènes sélectionnés dans le pancréas des souris. Comme l’explique le co-inventeur de cette technique, le Dr Ralph DeFronzo,  » le pancréas contient de nombreuses autres cellules, et notre approche consiste à les modifier pour qu’elles sécrètent de l’insuline en réponse au sucre « . Elles se mettent donc à imiter les cellules bêta problématiques. Grâce à cette méthode, le diabète de type 1, de loin le plus grave, pourrait être vaincu. En outre, les symptômes du diabète ne débutent que lorsque 80 % des cellules bêta sont éliminées. Ainsi, un taux de récupération de l’ordre de 20 % devrait être suffisant pour être efficace. En outre, cette méthode a un avantage évident sur les thérapies actuelles. Lors des injections d’insulines, le dosage doit être millimétré. Il sera désormais automatiquement bon.

Traitements actuels pour le diabète

Un traitement bientôt disponible

D’autres obstacles pourraient bien sûr se dresser sur leur route. Alors que les diabétiques de types 1 détruisent leurs cellules bêta à cause des réactions de leur système immunitaire, le risque existe que les cellules transformées subissent le même sort.  » Si un diabétique de type 1 a vécu avec ces cellules depuis 20 ou 30 ans […], nous espérons qu’il n’y aura pas de réponse immunitaire « , déclare DeFronzo.

Les chercheurs ont obtenu un brevet. Ils espèrent lancer des essais sur l’homme à l’horizon 2020. Mais avant cela, ils voudraient rééditer des expérimentations sur des animaux plus proches de l’homme d’un point de vue endocrinien. Les 5 millions de dollars nécessaires au projet ne devraient pas poser trop de problème, étant donné le marché sur lequel ils opèrent. D’ailleurs, l’équipe de San Antonio est déjà en train de réfléchir aux futurs moyens de commercialisation.

La thérapie génique a déjà fait ses preuves pour d’autres maladies, comme les maladies orphelines rares. D’après les auteurs de l’étude, une cinquantaine d’autorisations auraient déjà été accordées par la Drug and Food Administration américaine. Une révolution dans le traitement de nombreuses maladies donc, même si certains tirent la sonnette d’alarme : il est en effet extrêmement hasardeux de prédire les conséquences à long terme, notamment en matière de mutations génétiques transmissibles de générations en générations.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments