Une victoire en demi-teinte pour les associations de protection des animaux. Le Conseil d’État entérine pour une durée du six mois l’interdiction de la reproduction des dauphins en captivité. Mais il maintient l’usage du chlore dans les bassins.

Un arrêté historique

Le 6 mai dernier, paraît au journal officiel un arrêté signé de la ministre de l’Écologie Ségolène Royal. Il indique que  » la reproduction des orques et des dauphins actuellement détenus en France est désormais interdite « . Parmi d’autres mesures, l’interdiction du chlore dans les bassins et la prohibition des baignades entre visiteurs et cétacés.

Un texte qui répond donc aux inquiétudes des associations de protection des animaux, mais était logiquement contestée par les delphinariums, notamment le plus grand d’Europe, Marineland près d’Antibes, ainsi que le Parc Astérix et le parc Planète Sauvage de Port-Saint-Père (sur la côte Atlantique).

Des dauphins dressés dans un parc aquatique pour la distraction du public

La disparition des delphinariums d’ici à 2040

Si ces zoos pouvaient à la rigueur se conformer à la plupart des mesures, la pierre d’achoppement était clairement l’interdiction de la reproduction : cela signifierait leur fermeture d’ici une vingtaine d’années, les populations n’était plus en mesure de se maintenir. Le parc de Marineland avait ainsi lancé une pétition pour alerter sur les risques.

 » Nous demandons que l’arrêté soit réécrit avec l’aide d’un comité scientifique reconnu « , expliquait l’entreprise dans un communiqué, dénonçant un arrêté qui dans sa forme actuelle mènerait à  » une altération des comportements naturels des animaux, des risques pour leur santé et, à long terme, une moindre protection des espèces concernées « . Un recours devant le Conseil d’État avait donc été déposé.

Le parc de Marineland, plus grand zoo aquatique d’Europe, devrait fermer d’ici à 2040 à cause de l’arrêté

Une décision en demi-teinte

Le Conseil d’État a donc rendu son avis sur la légalité de l’arrêté ce mercredi 2 août. Et c’est une victoire pour les défenseurs des dauphins :  » il n’a pas été contesté que l’administration d’une contraception hormonale par voie orale n’a pas de conséquences négatives sur la santé ou le bien-être des cétacés « . En l’absence de risque majeur, aucune urgence ne nécessitait la suspension de l’arrêté, explique en substance la juridiction administrative.

Sur d’autres mesures imposées par le gouvernement à l’époque, le Conseil d’État s’est montré plus souple. C’est notamment le cas sur l’usage du chlore dans les bassins des cétacés. Cette pratique devait cesser dans les six mois d’après l’arrêté. Un délai trop court, à la fois pour le parc et pour les animaux, estime en revanche le Conseil d’État, qui invoque des « risques pour la santé des cétacés » en cas d' »interruption brutale », ainsi que la « durée nécessaire des travaux ».

Le fond du débat toujours en suspens

On est loin de la fin de la controverse. En effet, ce jugement ne concerne que la forme juridique des décisions, et non pas leur fond, à savoir la fin de la reproduction en captivité des dauphins, et donc la mort programmée des parcs aquatiques hexagonaux. De plus en plus soutenues par l’opinion publique, les associations de protection des cétacés, telles que Sea Shepherd, One Voice, ou Réseau-Cétacés sont à l’offensive.

La diffusion d’un documentaire BlackFish avait ouvert les yeux du grand public sur les terribles conditions de vie des cétacés dans les parcs, privés de l’espace et de la liberté dont ils ont besoin, et donc le dressage s’assimile à de la torture. Devant la cour, les associations n’ont pas manqué de rappeler que  » depuis deux ans, dix cétacés sont décédés dans des parcs marins français « . Certaines organisent d’ailleurs une manifestation « anti-captivité » ce dimanche à Antibes. Le combat continue…

Le film Blackfish a été un déclencheur auprès de l’opinion publique, désormais alertée sur les conditions de vie des cétacés en captivité
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