La mort a toujours été une préoccupation majeure de la civilisation humaine. Symbolisant la fin de la vie, et chez certains, un passage vers une existence mystique, elle a souvent été perçue comme irréversible. Mais depuis plusieurs décennies, une méthode scientifique suscite l’attention du grand public : la cryogénisation. Le DGS vous présente ce procédé incroyable et le modus operandi de cette méthode.

Chaque jour, plus de 100 000 personnes décèdent dans le monde. Un état de fait qui n’a bien sûr rien de surprenant, mais qui interroge sur la réversibilité du phénomène. Ainsi, dès les années 1960, apparaît l’idée d’une conservation des corps humains dans le but de les réanimer plus tard, lorsque la science le permettra. Depuis, plus de 200 patients se sont laissé tenter par ce curieux processus, misant sur de futurs progrès scientifiques qui les sauveraient du trépas.

Pour les cryonistes, ou partisans de la cryogénisation, les hommes et femmes qui subissent ce procédé ne sont pas morts, mais sont considérés comme impossibles à sauver via la médecine moderne actuelle. La cryogénisation (ou cryonie) serait donc leur dernière tentative de se voir offrir des soins d’urgence.

Ainsi, la technique sauverait les patients, leur accordant du temps jusqu’à ce que la science atteigne le moment où les personnes conservées pourraient être sauvées. Christine Gaspar, présidente de la société de cryogénisation du Canada et directrice de Biostasis Canada, une entreprise de cryonie, estime d’ailleurs que « la mort n’est pas un instant, mais un processus, et qu’elle n’est pas absolue ». Selon elle, la mort « est presque entièrement tributaire des compétences et moyens du sauveteur qui, comme nous le savons, ne cessent de s’améliorer au fil du temps ».

Très souvent critiquée par ses opposants, la cryogénisation a été (et est toujours) pourtant soutenue par d’éminents scientifiques, dont certains ont même décidé d’y recourir. C’est le cas, par exemple, de James H. Bedford, ancien professeur de l’université de Californie, aux Etats-Unis, et mort en 1967. Il fut le premier patient à recourir à la technique de cryogénisation, et son corps est d’ailleurs toujours conservé. Depuis, d’autres personnalités ont suivi son exemple, comme le défenseur du transhumanisme, FM-2030, ou la légende du baseball, Ted Williams. En revanche, le procédé n’est légal que dans certains pays et sous des conditions bien précises.

Certains États ont d’ores et déjà interdit le procédé, comme la France. L’Hexagone considère ainsi la cryogénisation comme un mode de sépulture, et non comme un traitement médical. A ce titre, et comme l’embaumement, elle est considérée comme contrevenant à l’ordre public. En revanche, aux États-Unis, la cryonie est autorisée, mais seulement sur des individus pour lesquels un certificat de décès a été émis. Reste que la méthode est soumise à des normes bien particulières et imposées par la technicité même de la cryogénisation.

Pour prétendre à ce mode de conservation, un patient doit, avant sa mort, avoir signé un contrat avec une entreprise de cryonie. Une fois décédé, il doit ensuite être rapidement emmené dans un centre dédié, bien qu’il soit préférable que la mort ait lieu directement sur place. Commence alors le processus, qui consiste à refroidir le corps du patient jusqu’à la température de l’azote liquide, soit -196 °C. La difficulté consiste alors à cryogéniser l’individu de la manière la plus contrôlée possible afin de préserver les neurones du cerveau. Car cet organe est la partie la plus sensible du corps humain, et spécialement au cours d’une cryogénisaton. Il contient ainsi les souvenirs et l’identité du patient, et doit donc bénéficier d’un traitement particulièrement délicat.U

— Roman3dArt / Shutterstock.com

Principal problème rencontré par les cryonistes : l’irréversibilité du procédé. Car dans l’état actuel de la science, et notamment de la médecine, on sait qu’il est impossible de réanimer un corps cryogénisé. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, les techniques humaines n’ont permis de faire revivre que des cellules, des vaisseaux sanguins, de petits organes d’animaux, des embryons ou du sperme.

AUJOURD’HUI, JAMAIS UN CORPS ENTIER N’A PU ÊTRE RAMENÉ À LA VIE

Mais les cryonistes s’appuient sur les progrès de la science pour avancer qu’une méthode sera un jour au point. D’ailleurs, les avancées humaines ont d’ores et déjà pu faire avancer la méthode de cryogénisation puisqu’une technique novatrice de conservation des tissus a vu le jour en 2004. Basée sur la nanotechnologie moléculaire, la pratique de la « vitrification » empêcherait la formation de cristaux de glace au sein des tissus organiques et permettrait donc une bien meilleure conservation, notamment du cerveau.

Aux Etats-Unis, où la technique est légale, plusieurs entreprises se partagent le marché de la cryogénisation. Parmi ces sociétés, Cryonics Institute, ou encore Alcor Life Extension Foundation, qui proposent de conserver le corps de leurs patients pour un prix compris entre 30 000 et 200 000 dollars.

Et si le coût d’une telle pratique est élevé, il se justifie par les équipements dont bénéficient ces entreprises. On y trouve notamment des équipes médicales, du personnel paramédical, des laboratoires et bien sûr, des équipements destinés à conserver le corps des patients. Le marché de la cryogénisation, lui, semble de plus en plus prospère, puisque plus de 2000 personnes sont d’ores et déjà inscrites pour être conservées à leur mort.

Visitez les installations d’Alcor (contenu en anglais) :

Ce procédé est réellement incroyable. Bien qu’il ne soit pas, pour le moment, réversible, il constitue un réel espoir pour les personnes qui y recourent. D’autant qu’avec les progrès constants de la médecine moderne, il est fort probable que l’Homme arrive un jour à faire revivre ses semblables cryogénisés. Si la science et ses avancées vous intéressent, découvrez également comment des chercheurs sont parvenus à cultiver une patte de rat fonctionnelle. La méthode de la cryogénisation vous fait-elle remettre en question la mortalité humaine ?

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