Le commerce équitable existe depuis 1964 suite à une conférence des Nations Unies où le slogan « Trade not aid ! » (le commerce, pas l’aide ») est né. Il s’agit d’un partenariat entre des petits producteurs locaux dans diverses régions du monde et des intermédiaires de commerce mondiaux. Ce type de partenariat est fondé sur le respect des valeurs et cultures des producteurs, des terres etc, tout en permettant aux petits artisans ou producteurs de vivre plus décemment. Le commerce équitable vise également à sensibiliser les consommateurs.

DES PRINCIPES SAINS

Le logo du commerce équitable

Le commerce équitable se veut juste. Il suit des principes, variant en fonction des contrats liant les producteurs et des produits proposés. Il existe malgré tout quelques principes fondamentaux inévitables comme travailler uniquement avec des producteurs défavorisés, tisser des liens commerciaux sur la durée, la transparence dans la relation commerciale, le fonctionnement démocratique des organisations, la préservation et la valorisation des cultures et savoir-faire, des modes de production respectueux de l’environnement, sensibilisation du grand public etc.

En contre-partie, le consommateur paye un prix 10 % plus cher, pour un produit de qualité et dont un certain pourcentage sera reversé pour améliorer les conditions de vie des paysans.

DES CHIFFRES ÉLOQUENTS

En 2015, les ventes issues du commerce équitable oscillent entre 5.5 et 6 milliards d’euros. C’est quasiment 6 fois plus qu’il y a 10 ans. Pas moins de 30 000 références sont vendues dans 70 pays. 2 millions de producteurs et travailleurs en Afrique, Asie et Amérique Latine sont désormais impliqués dans le commerce équitable.

1 400 organisations (coopératives, associations, groupes…) travaillent avec des producteurs ou artisans de 75 pays différents. En tout, 10 millions de personnes bénéficient du commerce équitable dans le monde. En France, le CA connait une croissance de 72 % par rapport à 2012.

10 000 EMPLOIS ONT ÉTÉ CRÉÉS DANS 400 ENTREPRISES, LA PLUPART DES PME EN CROISSANCE

DES AMBIGUÏTÉS PLUTÔT DÉCEVANTES

Une fileuse de coton au Burkina Faso © MarionLavabre

Le leader du marché équitable Max Havelaar a fait l’objet de controverses. En effet, le groupe a affiché un rapprochement plus que douteux avec des instances très éloignées des fondamentaux du commerce équitable. Au final, les producteurs pourraient ne pas s’y retrouver.

LES PRODUCTEURS POURRAIENT NE PAS S’Y RETROUVER

En effet, la polémique enfle avec le coton africain. Max Havelaar a signé des accords avec l’entreprise Dagris et semble tirer plus de profit que ce qu’elle n’apporte d’aides aux producteurs locaux. Si le coton est bel et bien labellisé équitable Max Havelaar, les vêtements fabriqués avec ce même coton peuvent désormais être fabriqués par des enfants ou des personnes travaillant près de 18 heures par jour. De nombreuses pratiques inhumaines ont également vu le jour avec Nike ou encore Zara, avec des conditions de fabrication proches de l’esclavagisme, sans parler du travail des enfants.

L’ENTRÉE DU COMMERCE ÉQUITABLE DANS LES GRANDES SURFACES

Les grandes enseignes comme Carrefour, Leclerc ou encore Auchan commercialisent des produits équitables. Mais ces derniers refusent de communiquer les marges et profits réalisés sur ces produits. Le documentaire « Le business du commerce équitable » réalisé par Donatien Lemaître en 2013 prouve que les grandes enseignes ne jouent pas vraiment le jeu. Cela a été prouvé avec le café, produit pour lequel les groupes alimentaires ponctionnent 45 % du prix et n’en reversent que 25 % à l’association équitable.

UN PRODUIT CONTENANT 15 % DE CACAO ISSU DU COMMERCE ÉQUITABLE POURRA ÊTRE PORTEUR DU LABEL

Les dérives ne s’arrêtent pas là. Le cacao est également montré du doigt : un produit contenant 15 % de cacao seulement, mais issu du commerce équitable pourra alors être porteur du label. Une pratique qui devrait assurer le succès des groupes équitables mais sans pour autant que l’éthique de valeurs ne soit respecté.

AU FINAL, UN PRODUIT ÉQUITABLE L’EST-IL RÉELLEMENT ? 

Les revenus reversés aux producteurs sont trop faibles pour les sortir de la pauvreté. Les filières équitables ont pourtant comme ambition de venir en aide aux paysans les plus défavorisés de la planète. Mais depuis 2004, chacun doit financer le coût de la certification équitable mais aussi biologique, devenue quasiment obligatoire notamment pour la culture du café.

LES PRODUCTEURS ONT UN NIVEAU DE VIE PLUS ÉLEVÉ MAIS ILS RESTENT DANS LA PRÉCARITÉ

Certes, les producteurs enregistrent un niveau de vie plus élevé, leur permettant d’envoyer leurs enfants à l’école, de réaliser des aménagements pour les villageois ou directement pour leur exploitation, mais ils restent toujours dans la précarité.

Le simple fait que l’initiative soit occidentale et que les règles soient régies par des occidentaux dénotent déjà un déséquilibre. Les paysans voient ce type de commerce comme une utilité nécessaire à l’obtention d’aides financières, mais non pas comme une solution salvatrice pour que leur travail soit reconnu et respecté.

Des bananes issues du commerce équitable

Le fait que les artisans et paysans sous couvert du commerce équitable soient « coupés du monde » par l’absence de moyens de communication et surtout éloignés les uns des autres pour échanger sur leurs conditions, permet aux groupes d’avoir une meilleure mainmise sur le fonctionnement. Les polémiques elles, sont pourtant bien réelles et de plus en plus nombreuses.

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