Prédire le futur avec exactitude est impossible. Cependant, grâce aux connaissances déjà acquises en astronomie, en cosmologie et en physique, les scientifiques sont déjà en mesure de supposer ce qui pourrait arriver à notre planète et à notre Univers dans les millions voire les milliards d’années à venir. Des changements radicaux sont à prévoir dans cette virée vertigineuse que DGS vous fait vivre le temps d’un article.  

D’habitude, lorsqu’on nous parle de prédire le futur, on pense voyance, astrologie et autres disciplines dont les fondements scientifiques sont encore aujourd’hui discutés (et ce n’est pas peu dire). N’importe quel scientifique vous dira d’ailleurs qu’il est impossible de prédire le futur proche de manière exacte. Cependant, ce que ce même scientifique vous dira, c’est qu’il est possible de prédire l’avenir lointain. Pourquoi cette distinction ? Parce que l’humanité a déjà acquis des connaissances fondamentales dans les domaines de la biologie, de la géologie, de la planétologie, de l’astronomie, de la cosmologie, de la physique et des probabilités. Grâce à ces connaissances, il est possible de prédire, sous forme d’éventualités qui ne seront vérifiables bien sûr qu’au moment venu, le futur de notre planète, de notre Système solaire et même de notre Univers.

 

Concernant la vie sur notre belle planète, il faut savoir que notre environnement ne restera pas immuable : selon toute éventualité, une grande partie de la calotte glaciaire antarctique aura fondu d’ici 10 000 ans, provoquant une élévation du niveau de la mer d’au moins 3 à 4 mètres (submergeant Amsterdam, New York, Sydney, la majorité du Bangladesh et un très grand nombre d’États insulaires du Pacifique). Ce qui devrait de toute façon être contrebalancé environ 40 000 ans plus tard, dans 50 000 ans donc, puisqu’à cette époque la Terre devrait logiquement connaitre une nouvelle période glaciaire : soit des calottes glaciaires descendant jusqu’aux Grands Lacs nord-américains et recouvrant entièrement les pays scandinaves, un climat plus froid et aride à l’échelle de toute la planète et une baisse globale du niveau de la mer. Quelques millénaires ou dizaines de millénaires plus tard, la Terre devrait logiquement se retrouver à nouveau dans une période interglaciaire comme celle que nous vivons actuellement.

 

Une photographie satellite de l’Antarctique et de sa calotte glaciaire : 

Photo satellite Antarctique

 

Entre-temps, si l’on en croit les probabilités géologiques et cosmiques, notre planète aura pu être victime de l’impact d’un astéroïde d’environ 1 km de long ou encore connaître l’éruption d’un super-volcan (dans les deux cas, gigantesque explosion localisée, séismes à l’échelle planétaire et tonnes de poussières libérées dans l’atmosphère perturbant le climat pour des dizaines d’années). Ce qui en revanche est totalement sûr au-delà de toute probabilité, c’est que la tectonique des plaques continuera son oeuvre : dans dix millions d’années, le Grand Rift africain va continuer de s’ouvrir, et à terme, les eaux de la mer Rouge devraient l’inonder, séparant progressivement l’ouest africain du reste du continent, alors qu’au même moment (à peu près) la plaque tectonique du Pacifique continuera de s’engouffrer sous la plaque tectonique nord-américaine et la côte californienne, avec San Francisco et Los Angeles, finira vraisemblablement lentement écrabouillée dans l’opération. Dix millions d’années, c’est d’ailleurs le temps qu’il faudrait à l’ensemble de la biosphère de notre planète pour récupérer des multiples avanies que lui a fait connaître l’espèce humaine en l’espace de quelques siècles… Même si les biologistes estiment par ailleurs que le délai pour que la sélection naturelle remplace progressivement toutes les espèces animales et végétales par de nouvelles est justement de 10 millions d’années.

 

Le visage de notre planète va donc continuer à changer, et ce dans des proportions toujours plus grandes plus nous avancerons dans le temps. Dans 50 millions d’années, la plaque tectonique nord-africaine devrait achever de heurter la plaque européenne, et il faudra dire adieu à la Méditerranée, puisqu’elle sera remplacée par une chaîne de montagnes semblable à l’Himalaya (dans tous les cas à cette époque, l’Himalaya ne méritera sans doute plus son titre de « Toit du Monde » à cause de l’érosion). 200 millions d’années et selon les probabilités l’impact d’un gros astéroïde de taille comparable à celui ayant pu provoquer l’extinction des dinosaures plus tard, soit dans 250 millions d’années environ, la dérive des plaques tectoniques aura amené tous les continents à fusionner dans un supercontinent vraisemblablement aride et montagneux (les géologues ne sont pas tous d’accord quant au scénario exact et à la configuration de ce supercontinent, mais en arrivent tous à peu près à cette conclusion). Supercontinent qui ne devrait pas durer puisque « seulement » 150 à 200 millions d’années plus tard il se sera fracturé en de nouveaux continents.

 

Un supercontinent possible dans le futur, la Pangée ultime : 

 

Pangée Ultime

 

Nous sommes donc 600 millions d’années dans le futur, et la Terre n’a plus du tout le même visage que celui que nous lui connaissons actuellement. Cependant, les jours paisibles de sa relative tranquillité cosmique devraient s’achever vers cette époque, puisque les astronomes estiment que d’ici 600 à 800 millions d’années le Soleil aura grossi, et sa chaleur et sa luminosité auront augmenté. Résultat des courses, les océans devraient progressivement s’assécher, les vastes étendues rocheuses devraient être dégradées plus vites par la lumière solaire, procédé chimique qui va les amener à absorber le dioxyde de carbone dans l’atmosphère et à durcir. Parce que les roches auront durci, la tectonique des plaques devrait s’arrêter progressivement, provoquant au passage la disparition du volcanisme. Autant d’éléments combinés qui seront porteurs d’une très mauvaise nouvelle : entre le dioxyde de carbone piégé dans la pierre et le fait qu’il n’y aura plus de volcans pour en produire, la photosynthèse ne pourra plus se produire, et 99 % des êtres vivants disparaitront à cette époque. Dans un milliard d’années, la croûte terrestre aura fini de durcir et tous les océans se seront évaporés, amenant la Terre à ressembler de plus en plus à la planète Vénus (avec une atmosphère épaisse et un effet de serre galopant). Si des organismes survivent encore sur notre planète dans ce futur lointain, ce seront des micro-organismes cachés dans des grottes. De toute façon, le noyau externe de la Terre lui-même devrait durcir à son tour, provoquant la disparition du champ magnétique terrestre : dans trois milliards d’années environ le vent solaire n’aura plus aucune barrière l’empêchant de souffler l’atmosphère de notre planète.

 

Vue d’artiste de la Terre surchauffée par le Soleil devenu une géante rouge : 

La fin de la Terre

 

Parlons-en d’ailleurs du Soleil : notre jolie petite naine jaune va finir par grossir toujours plus avant de se transformer en une menaçante géante rouge dans 7,6 milliards d’années environ, en raison de l’épuisement du combustible (de l’hydrogène) présent dans son noyau et grossira dans le but de consommer l’énergie de son manteau extérieur. Conséquence : son diamètre sera multiplié par 250 environ, et Mercure, Vénus et même éventuellement la Terre et la Lune, seront englouties par notre étoile vorace en quête d’énergie. L’augmentation de la taille et de la quantité d’énergie produite par notre étoile donnera un tout autre visage à notre Système solaire. Mars aura depuis longtemps été rôtie au point de ressembler à une fournaise couverte de lave, mais la chaleur du Soleil aura fait fondre les croûtes gelées de certains grands satellites de Jupiter et Saturne. Ganymède, Callisto, Europe, Titan et Encelade pourraient éventuellement se voir couvertes d’océans agités dans ce futur lointain et connaître une température moyenne similaire à celle de la Terre à notre époque. Cependant l’époque des lunes-océans ne devrait pas durer : dans un peu plus de 8 milliards d’années, le Soleil aura terminé de consommer l’hydrogène de son manteau et diminuera subitement en taille pour se transformer en une naine blanche possiblement plus petite que ne l’est le Soleil à l’heure actuelle : si les océans des grandes lunes des géantes gazeuses n’ont pas été soufflés par la nova accompagnant le rapetissement de notre étoile, ils retourneront au gel.

 

La lune jovienne Europe et sa surface composée de glace : 

Europe (lune)

 

Le visage de notre galaxie lui-même aura changé entre temps, d’abord pour la bonne et simple raison que les étoiles ne tournent pas toutes à la même vitesse autour du noyau galactique (notre Système solaire lui-même mettrait environ 250 millions d’années à faire le tour complet de notre galaxie) mais surtout parce que la galaxie d’Andromède, la seule galaxie plus massive que la Voie lactée dans notre voisinage cosmique, rentrera de plein fouet dans notre galaxie dans environ 4 milliards d’années. Après encore plusieurs milliards d’années de ballet cosmique et d’arrachages de bras galactiques, les deux grandes galaxies spirales devraient fusionner pour n’en former plus qu’une, gigantesque. Qu’on se rassure cependant, d’après les astronomes, les effets gravitationnels de ce choc étalé dans le temps ne devraient pas séparer notre Soleil rabougri de son cortège de planètes.

 

Nous voici rendus dans 10 à 15 milliards d’années dans le futur. Un premier scénario concernant la « fin » de l’Univers, et qui n’est pas considéré comme le plus probable, est le « Big Rip » (littéralement, « Grand Déchirement », tout un programme), mais il a au moins le mérite de nous paraître « proche » puisque s’il se produisait il arriverait d’ici 22 milliards d’années (une paille). Ce scénario repose sur le fait que l’Univers contiendrait de « l’énergie fantôme », énergie dont la densité augmenterait proportionnellement à la vitesse d’expansion de l’Univers. Résultat : au bout d’un certain degré d’expansion de l’Univers, l’ensemble de ce qu’il contient, des atomes aux galaxies en passant par notre vénérable Soleil, finirait réduit en charpie par l’énergie fantôme. Cependant si le « Big Rip » n’a pas lieu, l’expansion de l’Univers va se poursuivre. Ainsi dans 100 milliards d’années, l’Univers se sera tellement étendu, et les objets se seront tellement éloignés les uns des autres, que si nous vivions à cette époque nous serions incapables de voir autre chose que notre galaxie dans l’Univers : les autres amas célestes se seraient éloignés au-delà de ce que l’on peut appeler « l’horizon cosmologique », ces derniers étant tellement lointains que leur lumière n’aurait pas encore eu le temps de nous atteindre (actuellement cet « horizon » n’existe pas encore car notre Univers ne s’est pas assez étendu, ce qui nous permet d’ailleurs de voir le rayonnement émis juste après la naissance de l’Univers).

 

Le fond diffus cosmologique, la plus ancienne image qu’il nous est possible d’obtenir de l’Univers : 

Fond diffus cosmologique

 

De toute façon, notre grosse galaxie géante issue de fusions successives sera de moins en moins belle à regarder : avec la progression dans les âges cosmiques, les étoiles épuiseront toutes successivement leurs combustibles, et dans 800 milliards d’années toutes les étoiles de l’Univers devraient être des naines rouges ou des naines blanches, soit des étoiles en fin de vie. Dans 1000 milliards d’années, les galaxies ne contiendront plus assez de gaz et de poussières pour que des étoiles et des planètes puissent s’y former, puisque tout aura déjà été consommé. Dans environ un million de milliards d’années, même les étoiles en fin de vie auront fini de consommer toute leur énergie, et l’Univers se peuplera de naines noires (des naines blanches épuisées jusqu’à la corde, au rang desquelles pourrait se trouver notre Soleil !). Dans un milliard de milliard d’années, l’expansion de l’Univers conduira la majorité de ces objets morts à se séparer les uns des autres, s’ils n’ont pas été avalés entre temps par un trou noir. L’Univers sera alors froid, sombre et inerte selon notre point de vue, même si l’expansion ne s’achèvera théoriquement jamais et ira, encore des milliards de milliards de milliards d’années plus tard, jusqu’à séparer les atomes les uns des autres.

 

Et notre Terre dans tout cela ? En effet, si vous vous souvenez bien, il existe une possibilité qu’elle ne finisse pas absorbée par notre étoile dans sa phase gargantuesque. Si cela arrivait et que la Terre pouvait voir notre Soleil se changer en naine blanche, elle refroidirait et deviendrait une planète inerte et stérile, la Lune ayant quant à elle pu être ingérée par le Soleil, ou alors précipitée sur la Terre par l’effet de perturbations gravitationnelles diverses. Ou alors notre satellite pourrait tout simplement encore tourner autour de notre planète, même si après plusieurs milliards d’années les deux astres se seront tellement ralentis l’un l’autre par effet de marée que la Terre présenterait toujours la même face à la Lune (tout comme la Lune présente toujours la même face à la Terre de nos jours) et les jours terrestres seraient interminables (des semaines, des mois voire des années). En tout cas, si la Terre devait survivre sous cette forme, elle finirait quand même détruite par le Soleil, à cause des forces gravitationnelles, même si leur effet est très lent à se faire sentir : si la Terre n’a pas été séparée du Soleil par une rencontre avec une autre étoile d’ici là, elle s’écrasera sur le Soleil devenu une naine noire dans un peu plus d’un trilliard d’années.

 

Une naine blanche : 

Une naine blanche

 

À la rédaction, nous avions rarement eu l’occasion de parler en milliards de milliards d’années et ces quelques prédictions rendent le futur de notre planète finalement moins abstrait. Bien sûr, on est rassurés car avec de telles échelles de temps, on peut continuer à mener notre vie de tous les jours sans avoir peur d’être carbonisés par le Soleil se transformant en géante rouge ou de finir déchiquetés par l’expansion de l’Univers. Et vous, pensez-vous que l’être humain atteindra dans le futur un degré de développement qui lui permettra de survivre à ces cataclysmes ?

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