Vous vous faites peut-être votre thé sans y penser en cinq minutes avant le travail le matin, mais au Japon, faire son thé, c’est tout un art. Des racines ancestrales qui enseignent un large éventail de codes à respecter pour celui qui voudrait apprendre la cérémonie du thé. Son apprentissage, comme les autres arts traditionnels japonais, prend de nombreuses années et parfois toute une vie.

 

La cérémonie du thé ou service japonais du thé est appelé chanoyu au Japon. Loin d’être une appellation mystique renvoyant aux racines de cet art, chanoyu signifie tout simplement « eau chaude pour le thé » et fait écho à la préparation de thé vert en poudre d’une manière bien particulière qui englobe des techniques et des éléments de presque tous les arts, de l’architecture, conception de l’espace extérieur et de la stricte étiquette japonaise. Partager un thé en suivant ces principes est un éveil personnel, une générosité partagée et un respect envers la nature et le cosmos.

 

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Cette tradition date d’il y a environ mille ans alors que les moines bouddhistes ramènent différentes coutumes chinoises au Japon suite à leurs voyages. L’un de ces moines, Eisai (1141 – 1215) est généralement rattaché à l’apport du thé en poudre au Japon. Dès lors, le thé vert en poudre devient un pilier de la vie monastique dans la tradition Zen et permettait aux pratiquants de rester éveillés durant de longues périodes de méditation. De ces origines est apparu l’art du chanoyu, dont plusieurs maîtres au fil des siècles ont perfectionné la pratique et étendu sa popularité.

 

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C’est d’abord Murata Shuko (1422 – 1502), un moine Zen qui codifia la tradition avec les idéaux Zen. Ces préceptes furent perfectionnés par Takeno Jo-o (1503 – 1555) puis retravaillés dans leurs formes définitives par Sen Rikyu (1521 – 1591). D’après ce dernier, les fondations du chanoyu sont l’harmonie, le respect, la pureté et la tranquillité. Harmonie entre les hôtes, les invités et la nature. Le respect de l’un envers l’autre en ignorant le rang social et la hiérarchie. La pureté du coeur et de l’esprit à travers la purification de son être lors de la cérémonie. Enfin la tranquillité obtenue grâce aux trois principes précédents.

 

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C’est justement cette paix atteinte par les participants qui permet l’échange et la fusion de leurs expériences. Il s’agit avant tout de saisir la plénitude de l’instant présent. C’est le concept de ichi-go ichi-e, qui stipule que chaque partage du thé ne se déroulera qu’une fois dans votre vie et que c’est à chaque fois une expérience unique devant laquelle les pratiquants doivent être humbles. Ces cérémonies peuvent être tenues tout au long de l’année, mais chaque saison et période de la journée appellera à une cérémonie différente.

 

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Souvent, on partagera le même bol à thé pour représenter l’unité des coeurs et des esprits. Le respect est primordial dans l’échange et l’un des points les plus importants à retenir lors de la cérémonie est la façon dont vous maniez le bol pour le recevoir et le faire passer. Par exemple, le beau côté du bol déterminé par l’hôte devra toujours faire face à celui qui va le recevoir afin de l’honorer et de faire passer l’autre avant soi. Des centaines de détails qui s’amassent pour faire du chanoyu une coutume traditionnelle parmi les plus anciennes et marquantes de la culture japonaise.

 

À la base une tradition séculaire issue des voyages de simples moines, la pratique s’est développée et s’est perfectionnée grâce à plusieurs maîtres Zen pour devenir un pilier de la culture japonaise. À la fois un art et une méditation, la cérémonie du thé est une expérience unique qui transforme ceux qui prennent le temps de l’apprécier à sa juste valeur. Avez-vous déjà voulu participer à un service japonais du thé ?

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