Un véritable petit Pompéi. Dans le département du Rhône en France, les archéologues sont en train d’exhumer un site de l’époque romaine exceptionnellement bien conservé. Retour sur un site de fouilles exceptionnel.

Hasard et chance

Le site de près de 7 000 mètres carrés se situait alors en milieu urbain. Dans les environs de Vienne, la ville de Sainte-Colombe était semble-t-il un point conséquent du réseau commercial tissé par les Romains en Gaulle. Les archéologues ont ainsi pu exhumer ce qui ressemble à une vaste école, une demeure luxueuse exceptionnellement bien conservée, entourée de jardins, ou encore une splendide mosaïque en parfait état. La ville est connue pour son potentiel archéologique depuis le XIXe siècle pour son potentiel en terme de fouilles.

A l’origine de cette découverte qui ravit les savants, le hasard. A Sainte-Colombe c’est un projet de construction d’immeuble qui va demander un diagnostic de l’INRAP (l’institut national de recherches archéologiques préventives). Un diagnostic effectué par Michel Goy, qui entraîne alors l’arrivée d’une équipe spécialisée, Archeodunum, en avril. Très vite, les fouilles qui, qui devaient s’arrêter en septembre, sont prolongées jusqu’au 15 décembre. Le ministère le classe en effet en « site exceptionnel ». Les archéologues parlent déjà en effet d’une « Pompéi viennoise ».

Une région prospère dans l’Antiquité

A l’époque romaine, la géographie politique de la Gaulle diffère beaucoup de celle de la France actuelle : Lyon est la capitale, et les régions les plus anciennement peuplées (et « romanisées ») sont situées dans le sud-est du pays, à proximité de la péninsule italienne. Les romans sont avant tout des bâtisseurs de villes et de routes, qui constituent le véritable squelette de leur empire. La Vienna romaine, qui s’étend de part et d’autre du Rhône (à la différence de l’actuelle Vienne sise à l’est du fleuve), est alors un centre important (bien plus qu’aujourd’hui), proche de la capitale Lugdunum. D’ailleurs, le choix d’édifier ici leur centre de commandement n’est pas un hasard de la part des Romains : entre la Saône et le Rhône, il s’agit d’un verrou militaire autant que d’un nœud du trafic fluvial.

Il en serait de même pour notre site, lié à la fois au trafic sur le Rhône et à ce qui constitue, dès sa construction décidée par Agrippa en 10 avant notre ère, l’axe routier principal des gaules : la Voie Narbonnaise, qui relie la riche région de Narbonne au Rhône. « La véritable A7 de l’antiquité », plaisante Benjamin Clément, le responsable scientifique des fouilles. Ainsi, il est logique qu’un marché de cette importance se développe à l’ouest du fleuve, à l’actuel emplacement de Sainte-Colombe. Dès le premier siècle, un marché y est installé avec de nombreux artisans. Structure à laquelle succède l’important complexe actuellement étudié. L’occupation du site dure ainsi jusqu’au début du Moyen Âge.

Préservations et destructions

Paradoxalement,  » ce sont les  incendies successifs qui ont permis de conserver tous les éléments en place quand les habitants ont fui la catastrophe « , explique Benjamin Clément. Un parallèle de plus avec Pompéi. Prenons l’exemple de la somptueuse villa (domus), que les scientifiques supposent avoir appartenu à un riche marchand venu d’orient, baptisée Maison des Bacchanales (notamment en raison des mosaïque représentant le dieu du vin, Bacchus, et les scènes de joyeuse décadence qui l’accompagnent). Si le premier étage ne s’était pas effondré sous la chaleur de l’incendie, il y a près de 2 000 ans, il n’aurait pas été conservé avec tout son mobilier et son réseau de plomberie en état sous terre !

Autre vestige conservé par les flammes : une mosaïque montrant Thalie, la muse du spectacle, enlevée par un dieu Pan facétieux. Au-delà du site des docks, avec ce qu’on suppose être une école de philosophie dont il reste trois colonnes (car attestée dans la région à l’époque), et une immense fontaine, les archéologues espèrent ensuite s’attaquer à la partie plus ancienne (et plus profonde) du premier siècle avec ses boutiques et ses artisans. Et retracer ainsi des siècles d’occupation de la ville, en restituant le plus précisément possible.

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