Et si on vous disait que les diplodocus n’étaient peut-être pas des dinosaures, que diriez-vous ? Des chercheurs de l’université de Cambridge et du Muséum d’histoire naturelle de Londres suggèrent que depuis 130 ans, la littérature scientifique consacrée à l’étude des dinosaures fait fausse route et que leur découverte implique une redéfinition de l’arbre généalogique des dinosaures…

 

L’arbre généalogique classique

Jusqu’à présent, l’arbre généalogique des dinosaures se divisait en deux branches principales représentant les deux groupes fondamentaux de la famille des dinosaures, à savoir les ornithischiens (ornithischia) et les saurischiens (saurischia).

L’appartenance à ces catégories a été définie à partir de la structure osseuse de la hanche, si celle-ci est comparable à celle de l’oiseau, alors le dinosaure est classé parmi les ornithischiens, tandis que si elle est plutôt similaire à celle du lézard, alors le dinosaure est considéré comme un saurischien.

Comme l’explique la scientifique Hannah Devlin au Guardian, les parents du stégosaure et du tricératops sont associés aux ornithischiens alors que les théropodes comme les T-rex et les sauropodes qui comprennent l’emblématique diplodocus, sont reconnus comme appartenant à la famille des saurischiens.

 

Le T-rex, plus proche de l’oiseau que du lézard 

D’après des chercheurs de l’université de Cambridge et du Muséum d’histoire naturelle de Londres, les bases de l’arbre généalogique de référence des dinosaures pourraient être faussées. Dans une étude publiée par la revue Nature, ils suggèrent que les théropodes, ces dinosaures dotés d’un régime alimentaire carné, pourraient appartenir à la catégorie des ornithischiens alors qu’ils ont toujours été considérés comme des saurischiens.

Après avoir étudié 457 caractéristiques anatomiques issues de 74 espèces de dinosaures, l’équipe de Matthew G. Baron s’est aperçue que les théropodes partagent une vingtaine de traits physiques avec les ornithischiens comme la crête alvéolaire de leur mâchoire et la fusion osseuse de leur pieds.

 

Une redéfinition profonde de la classification des dinosaures

Si cette découverte est confirmée par d’autres études, elle pourrait ébranler les bases de la paléontologie des dinosaures explique Lindsay Zanno du Muséum d’histoire naturelle de Caroline du Nord à The Atlantic. Il faudrait alors redéfinir l’arbre généalogique des dinosaures en profondeur. Bien que non impliquée dans l’étude, la chercheuse met l’accent sur le fait que cette classification a guidé des décennies de recherches supposant qu’il faudrait revoir une grande partie de nos connaissances sur les dinosaures.

« Cette découverte va changer les manuels scolaires, si tout fonctionne comme prévu », affirme Thomas Holtz de l’université du Maryland.

La révision de l’arbre généalogique des dinosaures implique aussi qu’on réécrive la définition même des dinosaures, ce qui pourrait potentiellement exclure certains herbivores comme le brontosaure et le diplodocus de la famille des dinosaures. Et si Petit Pied n’était plus le Petit Dinosaure ?

« Je ne voulais pas chasser Dippy des dinosaures. Ça pourrait vexer un grand nombre de personnes », a déclaré Baron à la BBC.

 

Un ancêtre commun à tous les dinosaures venu d’Ecosse ?

Mais ce n’est pas tout, en plus de venir bouleverser la classification des dinosaures, l’étude remet en cause la date de l’apparition des dinosaures et propose un nouvel ancêtre commun à ces animaux. Avant cette étude, on considérait que les dinosaures étaient apparus sur Terre dans le Gondwana il y a 237 millions d’années.

Mais la redéfinition de l’arbre généalogique nécessite de reconsidérer l’importance du Saltopus, un fossile de dinosaure pas plus gros qu’un chat, trouvé en Ecosse. Le saltopus pourrait être un ancêtre commun à tous les dinosaures et prouver que les dinosaures sont arrivés sur Terre 5 millions d’années avant ce que nous pensions.

Faisant passer le monstre du Loch Ness pour une réalité, Baron a expliqué à la BBC que les dinosaures pourraient être nés au Royaume-Uni.

L’ancêtre des dinosaures viendrait d’Ecosse et ne serait pas plus gros qu’un chat

 

Un papier controversé

Si elles peuvent sembler révolutionnaires, les recherches de Baron et son équipe ne font pas toujours l’unanimité dans le monde de la recherche. Pour Max Langer, paléontologue à l’université de São Paolo, le saltopus est loin d’être le meilleur fossile pour retrouver l’ancêtre des dinosaures.

Pourtant, un bon nombre de chercheurs influents soutiennent l’étude. Malgré les divergences possibles, le paléontologue Jakob Vinther de l’université de Bristol a expliqué au Guardian qu’il obtenait les mêmes résultats que l’équipe.

« Originale et provocante », selon les mots du paléontologue Kevin Padian, cette étude pourrait changer durablement notre conception des dinosaures.

Image tirée de Jurassic Park
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