Il y a des femmes dont la volonté et la ténacité leur ont permis de réaliser des exploits dont la société de leur époque les croyait incapables. Parmi ces femmes admirables et inspirantes se trouve Alexandra David-Néel, première femme Lama et première occidentale à entrer à Lhassa.

Née en 1868 dans une famille de républicains franco-belge, rien ne prédestinait la jeune Louise Eugénie Alexandrine Marie David à son destin d’aventurière et de théoricienne du bouddhisme. Très jeune, elle déménage régulièrement au gré de la situation politique de la France.

Alexandra David-Néel portant l’une de ses tenues de cantatrice
Maison A. David-Neel, Digne-les-Bains, PHDN 12b.

ELLE SE CONVERTIT AU BOUDDHISME EN 1889

En 1889, à 21 ans, elle se convertit au bouddhisme, selon la légende, après une visite au musée Guimet, et débute des études de sanskrit et de tibétain. Elle commence à fréquenter les membres de la Société théosophique de Londres. A 27 ans, elle est une cantatrice en vogue qui se produit dans de nombreux pays dont la Tunisie et l’Indochine. Ces tours de chant lui permettent de visiter et d’étudier l’Orient, véritable objet de sa passion.

Alexandra David-Néel campe près du village de Pashi, à la frontière entre le Sikkim et le Tibet, 1914.
Maison A. David-Neel, Digne-les-Bains, PHDN 99 a.

En 1904, elle finit par épouser Philippe Néel de Saint-Sauveur, son amant depuis quatre ans. Mais la vie d’épouse et de femme au foyer ne convient pas à la jeune femme. Son désir d’approfondir toujours plus ses connaissances sur le bouddhisme l’incite à retourner en Inde en 1911. Ce qui devait être un voyage de quelques mois durera en fait presque 15 ans.

L’Inde, la Chine, le Tibet, la Corée et le Japon sont autant de pays traversés par Alexandra David-Néel qui en rapporte nombre de photographies, de récits d’aventures et surtout d’enseignements bouddhiques tibétains. En effet, pendant toutes ces années, elle visite des monastères, lit et traduit les textes sacrés, rencontre des lamas respectés. Dès 1912, elle rencontre le 13e Dalaï-Lama qui la reconnaît comme vraie bouddhiste et peu après, son mentor Lachen Gomchen Rinpoché lui donne son nom religieux : Yshé Tömé, « Lampe de Sagesse », qui lui vaudra par la suite d’être reconnue par les autorités bouddhistes partout où elle se rendra en Asie, facilitant grandement ses voyages d’études.

Alexandra et Yongden, au Tibet septentrional, vers 1920-1923
Maison A. David-Neel, Digne-les-Bains, PHDN 91

Parmi tous ses voyages, c’est son expédition à Lhassa en 1924 qui a le plus défrayé la chronique. La ville était alors interdite aux étrangers. Aussi, Alexandra David-Néel, accompagnée d’Aphur Yongden, un jeune moine qui l’a suivie dans la majeure partie de ses voyages et qu’elle adopte en 1929, se déguise en pèlerine – mendiante tibétaine. La supercherie dure deux mois. L’année suivante, exténuée, elle rentre en France où elle mesure la popularité de ses nombreux écrits lors de conférences publiques.

EN 1924, ELLE SE REND À LHASSA, VILLE ALORS INTERDITE AUX ÉTRANGERS

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, alors que les tensions en Europe se font de plus en plus sentir, Alexandra David-Néel décide de repartir pour la Chine avec Yongden. Ils arrivent alors que la guerre sino-japonaise fait rage. Ils errent de province en province, évitant les lignes de front pendant plus d’un an, avant de rejoindre le Tibet pour une nouvelle retraite de plusieurs années, ne pouvant rentrer en France, la guerre y ayant également éclaté.

Alexandra David-Néel, Yongden (à l’extrémité gauche) et le mahâraja du Sikkim Sidkeong Tulku (bras croisés), en septembre 1914, au pied du col de Tangchung (5150 m)
Maison A. David-Neel, Digne-les-Bains, PHDN 107c.

En juin 1946, elle quitte définitivement l’Asie avec son fils adoptif pour s’installer dans sa maison de Digne-les-Bains. Elle y poursuit ses travaux sur le bouddhisme, mais également sur les cultures des nombreux pays qu’elle a visités.

ALEXANDRA DAVID-NÉEL A EU UNE VIE EXTRAORDINAIRE

Elle s’éteint en 1969, à presque 101 ans. Ses cendres sont transportées à Vârânasî en 1973 par sa dernière secrétaire, Marie-Madeleine Peyronnet, pour être dispersées avec celles de son fils adoptif dans le Gange. Sa bibliothèque tibétaine et une partie de ses peintures thangka sont léguées au musée Guimet, et sa maison et ses effets personnels reviennent à la ville de Digne qui en a fait une maison d’écrivain qu’il est possible de visiter.

Alexandra David-Néel âgée d’environ 85 ans, dans l’oratoire tibétain de sa maison à Digne.
Maison A. David-Neel, Digne-les- Bains, PHDN 198.

Sa vie extraordinaire ne cesse de faire rêver, ainsi les documentaires et biographies à son sujet se multiplient toujours aujourd’hui. Si le sujet vous intéresse, une bande dessinée bien documentée est en cours de publication aux éditions Grand Angle. Pour découvrir la vie d’une autre grande exploratrice, découvrez notre article sur Jeanne Barret, la première femme à avoir fait le tour du monde.

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